20.

 

Il y avait trois voitures entre eux et la Volvo qui venait de griller le feu rouge. Pare-brise cradingue, sinon ça ne serait pas arrivé. Les gens devraient s’occuper un peu mieux de leurs voitures.

— On le cueille sous le pont, dit Bartram.

Ils doublèrent les voitures à l’arrêt, coincèrent la Volvo à hauteur de la station Shell et descendirent. Le conducteur les attendait. Il était seul et baissa sa vitre sale à l’approche de Morelius. C’était un homme de son âge.

— Je peux voir votre permis ? demanda Morelius.

L’homme tira son portefeuille et choisit une carte plastifiée. Il portait un gros chandail et une veste légère. Des lunettes, de rares cheveux peignés en arrière. Il paraissait nerveux, mais qui ne l’aurait été à sa place ? Morelius ne percevait aucune odeur d’alcool.

— Vous avez été un peu rapide, là-haut.

— Je sais.

— Il faut s’arrêter au feu rouge.

— Je sais, je sais. Je croyais que je passerais à l’orange – il leva la tête vers Morelius. D’habitude, ça marche.

— Ça dépend, dit Morelius. Vous étiez pressé ?

— En retard pour la crèche. Très en retard. Ils ont même appelé.

Il lui jeta un regard qui n’avait rien d’implorant. Morelius crut entendre Bartram hennir, comme de rire.

— C’est vrai, dit l’homme. La crèche est à Fräntorp, ajouta-t-il comme si c’était une sorte de garantie. Je peux leur passer un coup de fil, continua-t-il avec un signe de tête vers le portable périlleusement fixé au tableau de bord.

— Ce n’est pas la peine, dit Morelius en lui rendant son permis. Ne recommencez pas.

L’homme regarda la carte comme si elle risquait de se métamorphoser d’un instant à l’autre en mandat d’amener.

— Euh… il n’y a rien ?

— Quoi ?

— Amende, ou… procès-verbal, je ne sais pas moi.

— Vous en voulez un ?

— Euh… non.

— Soyez prudent, dit Morelius en repartant vers la voiture où l’attendait déjà Bartram.

Morelius entendit l’homme démarrer.

— Il a eu la chance de ne pas tomber sur des agents de la circulation, dit Bartram.

— Oui. Eux, ils sont obligés de penser à leurs statistiques.

De leur côté, pensa Morelius, ils devaient penser à tout. Les agents de la paix étaient les hommes à tout faire de la profession : drogue, circulation, vol, crime. Double meurtre.

— Nous, c’est différent. Nous, quand on se promène en ville et qu’on tombe sur un salopard qui se balade en liberté après un mois de taule pour avoir agressé et volé une pauvre femme qui a dû rester en arrêt maladie pendant trois ans avec la mâchoire fracturée, on n’a pas envie de coller une amende de douze cents net à un gars qui va chercher son gamin à la crèche.

— Pas aujourd’hui, en tout cas.

— J’ai relâché un petit voleur, dit soudain Bartram.

— Quoi ?

— J’ai pris la liberté de relâcher un petit voleur sans P.V., dit Bartram. C’était il n’y a pas longtemps.

— Ah bon.

— On ne peut pas toujours se montrer agressif.

Grésillements dans le poste.

— Onze dix, QTH ?

— On est sur le rond-point au nord de la gare centrale, répondit Bartram.

— On a reçu un appel de portable sur la place de Kungsport. Ils ont attrapé un type qui a donné un coup de couteau à quelqu’un dans le tramway, ils essaient de le retenir, venez.

— QSL, répondit Bartram.

Morelius brancha le gyrophare et prit vers le sud.

 

*

 

Winter écrivit le mot WALL. Il dessina le cercle autour de la première lettre. Avait-il raison de rester assis à faire ça ? Des énigmes comme celle-ci volaient du temps à d’autres énigmes, mais l’inscription l’attirait ; il lui donnait une plus haute priorité qu’elle ne le méritait peut-être. Il n’y avait pas de réponse… Il pensait à des réponses, à des solutions. Était-ce un seul mot ? Plusieurs ? Ou bien le meurtrier voulait-il simplement leur signaler qu’il y avait un mur ? Le « mur » était-il un symbole ? Était-il lié à la musique ? Le mur était-il un symbole habituel dans la musique sataniste ? Setter avait dit que les satanistes appréciaient cette musique. Il avait fait une nouvelle proposition pour délimiter le genre : black metal. Pas death metal. Black metal. Encore pire.

Le groupe n’était pas nécessairement sataniste. Mais ceux qui écoutaient la musique pouvaient s’en servir dans cet état d’esprit. Certains, en tout cas. Avec un petit coup de pouce de la part du groupe, évidemment, avait dit Johan.

Ça ne collait pas. Winter ne voulait pas penser en ces termes, pas encore. Le couple Valker était-il impliqué dans des cercles satanistes ? Ils en sauraient plus quand leurs éventuelles connaissances feraient signe à la police.

Il regarda à nouveau le mot, le réécrivit, traça un nouveau cercle. ALL ? Les avait-il tous tués ? Tous devaient-il mourir ? On a déjà réfléchi à ça. Pourquoi le cercle autour du W ? Dois-je penser au W ? Qu’est-ce qui commence par un W ?

Il se leva, s’approcha du miroir qu’il avait commandé pour son lavabo lorsque l’étage de la brigade criminelle avait été rénové, pendant l’été, peut-être en prévision du nouveau millénaire.

La mince couche de bronzage rapportée de la Costa del Sol avait disparu, remplacée par l’habituel teint bleuté de l’hiver. Hiver. Winter. Winter commençait par un W. Il enfonça légèrement son poing droit dans sa joue. Un peu tôt pour les idées paranoïaques, Winter.

L’enquête venait à peine de commencer, mais il ressentait les choses différemment. Pour lui, l’enquête avait commencé lorsqu’il était monté dans l’avion pour Málaga. L’histoire commençait alors.

W. Double V. Double meurtre.

Le téléphone sonna. Il s’attarda devant le miroir en pensant aux appels muets qui parvenaient depuis quelque temps à son domicile. La veille au soir, il avait répondu en pleine tartine parisienne, mais il n’y avait personne au bout du fil. Pas même une respiration cette fois. Peut-être devait-il se mettre sur liste rouge.

Il alla répondre.

— Salut, c’est Lotta. Je suppose que je te dérange, je voulais juste savoir si vous viendriez dîner à la maison demain soir, Angela et toi.

— Je vais lui poser la question.

— Et de ton côté ?

— Euh, je pourrai peut-être venir…

— J’entends d’ici ton enthousiasme.

— … s’il n’y a pas du nouveau entre-temps.

— C’est vrai, j’ai lu le journal. Un couple tué dans le quartier de Vasastan.

— Oui.

— À deux pas de chez toi.

— Ne me le rappelle pas. Surtout, ne le rappelle pas à Angela.

— Je ferai attention. Maman a téléphoné tout à l’heure, au fait.

— Comment allait-elle ?

— Elle paraît forte. Plus que je ne l’aurais cru.

— Que fait-elle ?

— On dirait qu’elle s’ouvre un peu. Elle voit des gens, là-bas, des connaissances, un peu plus souvent.

— C’est bien.

— Elle rentrera pour Noël.

— Elle te l’a dit ?

— Quasiment.

— Alors il faudra que j’achète du Tanqueray.

Il y eut une pause. Il savait quel sujet elle aborderait maintenant. Il s’était préparé à le faire lui-même.

— J’ai rêvé de papa cette nuit, dit-elle. Il sortait d’un petit bois. C’était l’été. Beaucoup de soleil, ce genre de lumière forte, tu vois.

— Il était seul ?

— Je ne sais pas. Je me suis réveillée. Il était plus jeune… à peu près comme nous maintenant. Je l’ai vu à son visage. C’est bizarre, non ?

— Non, ça ne me paraît pas bizarre de rêver de lui. Je… Moi aussi, j’ai fait un rêve.

 

*

 

Le forcené au couteau s’était calmé à leur arrivée. Tellement calmé qu’il était allongé sur le trottoir. Morelius se pencha.

— Il est mort ? demanda Bartram.

Morelius leva la tête.

— Coma, je dirais.

— Voici l’ambulance.

— Oui, je leur ai dit de l’appeler, dit un homme jeune qui tenait encore son portable à la main.

— Alors c’est vous qui avez signalé l’affaire ? O.K. Que s’est-il passé ?

— Il agitait son couteau dans le tram. Quand on s’est arrêtés, il a commencé à courser quelqu’un dans la rue. J’étais dans le tram, je lui ai couru après et je lui ai fait un croche-patte.

— Et après ?

— Il a essayé de se lever mais on était quelques-uns à le tenir.

— Où est le couteau ?

— Il l’a lâché. Il est là-bas.

Morelius aperçut en effet le couteau dans le caniveau.

— Il a blessé quelqu’un ?

— Non. À moins qu’il se soit blessé lui-même.

— Qui poursuivait-il ?

Ils s’écartèrent pour laisser passer les types de l’ambulance, qui posèrent leur brancard et se livrèrent à un rapide examen de l’homme inanimé.

— Sans doute un junkie, commenta Morelius.

L’homme fut emporté. Morelius se retourna vers le héros du jour et répéta sa question.

— Il poursuivait quelqu’un ?

— Je ne sais pas. J’avais l’impression que oui, mais s’il était drogué, alors…

— Personne en particulier, alors ?

— En fait, je ne sais pas.

Winter était de retour dans son bureau après être allé boire un café. Il neigeait à nouveau. Décembre était encore loin, mais c’était l’hiver. Plusieurs décimètres de neige ; certainement, elle resterait jusqu’aux fêtes. Jusqu’à la nouvelle ère. Il expira, inspira profondément. Ça ne lui était jamais arrivé. Il perdait la concentration, la récupérait un moment, la perdait à nouveau. Il pensa à son père, à Angela, à leur enfant, à sa mère, à sa sœur, à l’affaire en cours, au téléphone qui sonnait, à Angela. À Alicia.

Möllerström arriva avec de nouvelles photographies. Winter avait demandé à les voir toutes. Tous les angles possibles et imaginables.

De face, on ne voyait rien de plus que le collier barbelé. Pareil pour les photos latérales.

De derrière, on pouvait voir, si on savait. Un ajustement moins réussi, un autre équilibre. Cela avait demandé à l’auteur une force considérable, avait dit Pia E:son[2]. Une légiste qui connaissait parfaitement son métier. Même Pia avait paru pâle.

Et puis ce drôle de déséquilibre.

Il n’y avait pas d’empreintes autres que les leurs. « On a bien vérifié, avait dit Beier, surtout autour des yeux. » Le chef adjoint de la brigade technique avait eu l’air tourmenté lui aussi, et surpris, comme s’il était confronté à un truc qui n’était pas réel.

La question, pourtant, restait la même que toujours : Pourquoi ? Pourquoi avait-on fait ça ?

Winter essaya de regarder toutes les images, une fois de plus. La pire était la photo prise de biais, son visage à elle de profil. Son corps adossé à un grand coussin bien rembourré.

Ils se tenaient par la main ; une prise mortelle très soudée. Après coup, avait dit Pia. Les doigts avaient été entrelacés après coup.

Il mit la cassette tout en regardant les photos. Les guitares à fond. Une rapidité incroyable. Des percussions plus rapides que le tempo, les basses… La voix qui sifflait. Un spectre. Une sorcière. Les sons qui sortaient de là – étaient-ce des mots ?

« Même quand on a l’oreille exercée, on ne comprend presque jamais les paroles. »

Johan Setter avait été assis face à Winter. Sa veste en cuir était usée de façon régulière. Il avait de fines rides sur le front.

— J’ai apporté la cassette à Madhouse, dans Drottninggatan, mais ils n’ont rien pu me dire.

— Qu’est-ce que ça signifie ?

— Que ça ne leur disait absolument rien. C’est pourtant un des meilleurs magasins de la ville pour ce genre de musique. Si, la fille a confirmé que ça ressemblait plus à du Black metal. Mais il n’y a pas une énorme différence avec le death metal, de toute façon.

— Quelle est la différence ?

— Pour la musique, le tempo est plus rapide dans le black metal, et le chant est plus aigu. Dans le death metal, le chant est plus profond, il vient du fond de la gorge.

— Et pour le reste, alors ?

— Quoi ?

— Tu as dit « pour la musique ». Qu’y a-t-il d’autre que la musique ? Les textes ?

— Les textes du black metal sont plus, euh, mythologiques. Un peu de romantisme viking, ce genre de conneries. Un peu de satanisme.

— Satanisme ?

— Du moins, il y a plus de satanistes dans leur public que parmi les fans de death metal.

— Qu’est-ce qui les inspire ? Les textes ?

— Apparemment.

— Comment est-ce possible si on n’entend même pas les paroles ?

— Il faut le livret, déclara Setter. Il y en a toujours un.

— C’est donc un truc plus intellectuel qu’on ne pourrait le penser de prime abord.

Setter chercha une ombre de sourire sur son visage mais ne vit rien.

— Il nous faut donc le livret, insista Winter en prenant la copie de la cassette que Setter avait posée devant lui. Alors, nous saurons aussi qui joue, et qui chante. Ou qui siffle.

— Je pensais que ce serait assez simple. Même les gens de chez Madhouse ont eu l’air surpris de ne pas reconnaître le morceau. D’un autre côté, tous les groupes se ressemblent.

— Ont-ils pu te dire si c’était suédois ?

— Même pas. Ça ne va pas être facile.

— Qui a dit que ce devait être facile ? – Winter se trouva un ton geignard qui lui déplut. Mais tu as en tout cas éliminé une possibilité : ce n’est pas du death metal.

— J’ai acheté les journaux et les fanzines qu’il y avait là-bas, dit Setter en se penchant pour prendre une liasse dans son sac. Je n’ai pas encore eu le temps de les regarder.

Winter les feuilleta. Nekrologium – the Ninth Book of Blasphemy. Il avait donc loupé les huit premiers livres. Combichrist. Fear. Reinforced. Il s’attarda sur le titre du suivant : Amputation Magazine.

Ombre et soleil
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